Les repas 5D: la neuro-gastronomie en pratique

Prendre des repas 5D, c’est faire participer tous ces sens à la dégustation. C’est la nouvelle tendance gastronomique montante. Ce type de repas naît directement du développement de la discipline de la neuro-gastronomie. Comme quoi, le délice d’un plat ne dépendra pas uniquement de sa saveur. Sa saveur donne 20 % de votre plaisir de manger. Les 80 % restants sont une question de perception – d’où le nom de « neuro-gastronomie ». Votre plat de poisson frit ne serait-il pas davantage délicieux si vous pouviez voir la mer, sentir l’air marin, entendre les bruits des vagues et avoir du sable sous les pieds ? Les repas 5D, c’est tout ça. C’est un délice qui vient du cerveau et non pas uniquement de l’assiette.

Qu’est-ce qu’un repas 5D ?

Entrons dans les détails. Un repas 5D est un repas qui implique les 5 sens. Vous avez certainement eu l’habitude de faire intervenir le sens du goût et de l’odorat. La vue s’est, elle aussi, déjà immiscée dans la haute gastronomie, d’où l’intérêt de l’apparence de l’assiette. Toutefois, les repas 5D, c’est bien plus que cela. L’expérience olfactive et visuelle est décuplée et on y ajoute des éléments sonores et des sensations du toucher.

On ne compte pas uniquement sur la bonne odeur du poisson, mais sur un parfum de sel de mer, destiné à ouvrir l’appétit et à mettre dans l’ambiance. Les chefs ne doivent pas juste habiller astucieusement une assiette. On y additionne une projection vidéo de la mer et des vagues. Il y a aussi le son, et pas celui du piano comme à l’accoutumé des grands restaurants. On place plutôt le son des vagues, des oiseaux marins, et même quelques sirènes retentissantes. Finalement, on met du sable, des coquillages à portée du toucher de celui qui vit l’expérience d’un repas en 5D. Un restaurant servant des repas en 5D pourrait bien devenir votre lieu de vacance insolite préféré d’ici les prochaines années.

Quel est l’intérêt de la neuro-gastronomie ?

Les repas 5D sont une partie des résultats de recherche dans le domaine de la neuro-gastronomie.  Il s’agit d’une discipline qui vise à étudier comment la perception d’un aliment, d’un plat peut changer en fonction des diverses influences neurologiques que subit le cerveau. Gordon Shepherd, neurobiologiste de l’Université de Yale est considéré comme le parrain de la neuro-gastronomie. Cependant, beaucoup d’autres chercheurs ont débuté les recherches et les poursuivent encore à ce jour.

L’intérêt de la neuro-gastronomie est double. D’abord, il détermine comment les conditions autour d’un plat affectent l’appréciation du repas. Ensuite, il établit aussi comment améliorer l’expérience de celui qui mange. Il s’agit donc d’une intégration multi-sensorielle de l’action de manger. In fine, la neuro-gastronomie sera donc un outil de recherche et développement, un outil marketing et un outil de vente. Il sert les restaurants, mais aussi de tous ceux qui sont dans la revente d’aliment. L’amélioration de l’expérience utilisateur (UX) reste au centre de la discipline.

Un repas 5D à Shanghai

Non, les repas 5D ne sont plus au stade de recherche. Aujourd’hui, il existe déjà une poignée de restaurants servant des repas 5D. Le plus connu, celui qui s’est démarqué du lot, se trouve à Shanghai. Il s’agit du restaurant dénommé « Ultraviolet ». Nul ne sait où il se trouve. Pour y manger, vous devez réserver à l’avance. Une voiture viendra alors vous prendre et vous emmènera dans un restaurant, quelque part dans Shanghai.  Vous serez à 10 autour de la table, pas plus.

L’expérience 5D commence déjà avec cette ambiance James Bond qui titillera votre cerveau. Puis, les noms des plats viennent. Vous y dégusterez des « huîtres thé vert » et des « cocktails eau de mer et lime ». A chaque plat servi, une projection vidéo différente – mais toujours à 360°, en accord avec le plat. On fera même quelques projections sur votre assiette avant de vous servir pour vous mettre l’eau à la bouche. Un casque vous sera aussi fourni pour vous immerger dans une ambiance musicale précise. Les odeurs, elles, sortent du plat, du serveur, mais aussi du plafond. Tout ce que vous toucherez sera soigneusement sélectionné pour ne pas sortir du contexte. Enfin, à chaque plat sa boisson. Il n’est pas question de vin rouge pour toute la durée du dîner.

Pour le moment, Ultraviolet semble avoir du succès. Les repas 5D et la neuro-gastronomie n’en sont toutefois qu’à leur aube. Un jour, vous pourrez même trouver délicieux un aliment qui ne l’est pas (perception gustative) mais servi dans des conditions optimales (perception du cerveau en entier).